
Christofle & Cie, Eugène Capy et Pierre Rouillard, Coupe, prix d’honneur des concours régionaux agricoles, 1862
Christofle Charles (Paris, 1805 – Brunoy, 1863) et Paul Christofle (Paris, 1838 – Paris, 1907), Eugène Capy (Paris, 1829 – Paris, 1894), Pierre Rouillard (Paris, 1820 – Paris, 1881),
Prix d’honneur des concours régionaux agricoles, 1862.
2013, acquis par la Société des Amis du Musée d’Orsay en vente publique, Moulins, Maître Mathilde Sadde-Collette, vente du 13 mai, lot n° 80 ;
2013, accepté par l’Etat à titre de don de la Société des Amis du musée d’Orsay (SAMO) en hommage au comte de Ribes, président de la SAMO de 1990 à 2013.
Métal , argent , galvanoplastie.
H. 0.655 ; ø. 0.495 ; P. 8.94 m. OAO 2083.
La Cérès encore imprégnée de néo-classicisme contraste avec les quatre scènes représentées à l’intérieur de la coupe où la vie rurale est contextualisée avec réalisme dans l’ère industrielle.
L’originalité de cette coupe réside dans les bas-reliefs naturalistes. Plusieurs motifs mis au point pour cette coupe se retrouvent employés sur d’autres prix agricoles de Chistofle : la figure de Cérès seule, placée sur un socle de marbre, est utilisée également comme prix ; le prix décerné aux fermes-écoles exposé en 1867 représente une autre Cérès debout sur un socle orné d’un bas-relief carré qui est la moitié gauche du Pâturage ; le Labourage figure sur le socle d’un prix représentant une figure de laboureur tandis que la Vendange et le Labourage ornent tous les deux la panse de deux vases différents ; le modèle de la vache du socle est réutilisé sur le socle d’une autre coupe.
L’entrée de ce prix dans nos collections vient s’ajouter au célèbre prix en argent de Christofle : le vase de l’éducation d’Achille révélé lors de l’exposition de 1867. Le rôle tout symbolique et éducatif de ce type de prix illustre parfaitement les rouages de la machine Impériale et les idéaux de sa société qui par la distribution de ce type de prix asseyait la politique dynastique d’un empire décidément très attentif à ce monde rural qui régissait alors l’économie de la France.
Yves Badetz, conservateur en chef du patrimoine, chargé des arts décoratifs, des dépôts et des acquisitions au musée d’Orsay, directeur du musée Ernest Hébert.
Bibliographie : Cat exp, Daniel Alcouffe : l’Art en France sous le Second Empire, notice 79 p 170-171.
(1) (Arch. Christofle),
(2) Capy est déjà chez Christofle quand il collabore avec Madroux au projet du surtout de l’Hôtel de Ville, Capy et Madroux composent le modèle de la partie ornementale de l’œuvre définitive, Capy sculpte les tritons des deux extrémités de la pièce du milieu (1862), il collabore aussi à l’exécution des figures du surtout en bronze doré de Napoléon III.
(3) Rouillard contribue au décor sculpté du Louvre, du Muséum d’Histoire naturelle, de l’Opéra. Comme Barye il travaille dès le début de sa carrière, pour l’orfèvrerie, en particulier pour l’’un des bas-reliefs (cheval poursuivi par des tigres) ornant le prix de course en argent en forme de bouclier que Froment-Meurice expose en 1844. Pour Christofle, Rouillard modèle les bœufs du surtout en métal argenté de Napoléon III, puis l’aigle guidant le navire figurant de la pièce centrale du surtout de l’Hôtel de Ville et les groupes de chevaux marins situés aux deux extrémités de cette dernière.
(4) L’organisation des concours agricoles par le Ministère de l’Agriculture est suggérée par l’exemple anglais : en 1846 est institué le concours général agricole qui se tient chaque année à Paris, et en 1851 les concours régionaux.