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Georges de Feure, Panneau d’Elégante, entre 1901 et 1903

Georges de Feure (Paris, 1868 – Paris, 1943), Panneau d’Elégante, 1901-1903.

Historique : Entre 1901 et 1903, commandé par Siegfried Bing pour la boutique « L’Art Nouveau Bing » ;
Dans la collection de Marcel Bing, fils de Siegfried Bing ;
Vers 1920, legs de Marcel Bing à Emile Pigeon, son portier ;
Collection particulière, France ;
2015, acquisition par la SAMO au profit de l’Etablissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie (commission des acquisitions de l’EPA M’O du 02/06/2015, décision du président de l’EPA M’O du 18/06/2015).
Huile sur toile; Dimensions : Hauteur 2 m. ; Largeur 1m. environ .
Crédit photo : © Musée d’Orsay / Patrice Schmidt


Grâce aux généreux dons reçus lors du 4e dîner de gala, la SAMO a pu offrir au musée d’Orsay, ce troisième panneau décoratif de Georges de Feure. Exécuté entre 1901 et 1903, il vient compléter les deux panneaux précédemment acquis au mois de janvier et datant de 1900.

« Le panneau mesurant environ 2 m. de haut sur 1 m. de large, représente une femme en pied, de trois-quarts, le regard tourné vers le spectateur. Élégamment vêtue et coiffée d’un volumineux chapeau, la femme prend appui sur un mur de brique (…) La pose de la jeune femme, en S, s’inspire directement des estampes japonaises ou Ukiyo-e, figurant des courtisanes, où la traîne de leur costume et leur visage sont délibérément tournés vers le spectateur. Les lignes et les formes du panneau ainsi que le paysage non défini de l’arrière-plan (où les masses de couleurs prennent le pas sur la figuration) favorisent la traduction de la peinture en art du vitrail.

Très poche [des deux huiles sur toiles marouflées de 1900], par leurs dimensions et par leur techniques, ces toiles sont néanmoins différentes dans leur style : les figures féminines y sont campées soit de dos soit de face tandis que le paysage est franchement figuratif, occupé par des constructions, le tout formant une représentation allégorique (celles des techniques d’art).

Il est assez aisé de situer ce panneau décoratif/carton de vitrail dans l’évolution stylistique et formelle des représentations féminines de Georges de Feure.
Ayant inventé un format vertical, monumental et allégorique (à sujet féminin) pour le pavillon Bing de l’exposition universelle de 1900, l’artiste reprend ce format pour la décoration du restaurant Konss à Paris en 1901, en y intégrant, astuce décorative, les murs de brique de la salle. Il propose par la suite, dans le cadre de l’exposition que lui consacre le magasin « L’Art Nouveau Bing » en 1903, un modèle susceptible d’être traduit en vitrail. L’aboutissement est une représentation utilisant l’expérience passée de l’artiste, synthétisant l’influence japonaise, l’approche monumentale et les lignes du nouvel art décoratif en vogue.

Le style est délibérément celui de l’Art nouveau, qui se veut élégant, décoratif et fleuri. Le tout fut conçu avec des formes et des plages de couleurs adaptables au vitrail. Le vitrail qui fut sans doute réalisé à partir de ce carton (dimensions identiques) est conservé depuis plus de 30 ans aux Etats-Unis, par le Virginia Museum of Fine Arts de Richmond. Sa reproduction a fait la couverture de plus d’un ouvrage d’art, démontrant combien sa qualité tout autant que son image de symbole de l’art nouveau sont reconnues. »

Extrait de la notice d’Isabelle Morin-Lautrel, conservateur au musée d’Orsay.

Categories: Acquisition, Peinture