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Jean-François Raffaëlli, Portrait de Joris-Karl Huysmans

La Société des Amis des musées d’Orsay et de l’Orangerie vient de faire don au musée d’Orsay de ce portrait de Huysmans, premier pastel de Raffaëlli à entrer dans les collections du musée. Il vient dialoguer avec le portrait au pastel de Huysmans par Forain, représentant l’écrivain dans sa trentaine.

 

 

Jean-François Raffaëlli (1850-1924)
Portrait de Joris-Karl Huysmans
Vers 1903
Huile et pastel sur papier déposé sur toile
H. 38,6 ; L 63 cm
Paris, musée d’Orsay
Don de la Société des amis du musée d’Orsay et de l’Orangerie, 2021
© Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Dans ce portrait épuré voire austère, l’artiste naturaliste Jean-François Raffaëlli représente le romancier et critique d’art Joris-Karl Huysmans (1848-1907), dans son appartement 11 rue de Sèvres. Il met en valeur l’auteur récemment converti au catholicisme et défenseur de l’art religieux, en témoigne l’importance du crucifix, seul ornement dans cette atmosphère dépouillée.
Faut-il voir dans le pan de rideau une mise en scène clairement affirmée ou une allusion à la première période de l’écrivain, auteur d’À Rebours dont le héros choisissait l’orangé comme couleur décadente par excellence ?

L’écrivain possède des œuvres de Raffaëlli, qu’il prête lors d’expositions. Il dresse d’élogieuses descriptions de son travail dans L’Art moderne. Pour lui, Raffaëlli est « un artiste puissant », à la peinture « crâne », « sans enjolivement », dans la lignée des frères Le Nain. A l’occasion de l’exposition des Indépendants, en 1881, il écrit : « L’exécution est comme toujours incisive et sobre, d’un dessin serré, s’attachant à faire saillir la silhouette des corps, donnant l’impression ressentie presque sans le secours de la couleur.(…) parmi l’immense tourbe des exposants de notre époque, M. Raffaëlli est un des rares qui restera ; il occupera une place à part dans l’art du siècle, celle d’une sorte de Millet parisien (…) ».
Huysmans et Raffaëlli font partie des mêmes cercles artistiques. Ils se retrouvent chez Edmond de Goncourt pour des réunions dominicales organisées dans sa maison boulevard Montmorency, avec Bracquemond, Carrière, Chéret, Daudet, Gavarni, Mallarmé, Mirbeau, Zola…. En 1889, Raffaëlli réalise pour Le Figaro un album sur Les Types de Paris ; parmi ses amis écrivains qui commentent ses dessins, il choisit Huysmans pour écrire sur « Les Habitués de café ».

Raffaëlli est surtout un paysagiste. Il a réalisé quelques portraits, dont ceux de personnalités de son cercle. On lui connaît trois portraits de Huysmans : un portrait à l’aquarelle reproduit dans L’Artiste d’octobre 1893, un portrait posthume pour le frontispice de l’édition de 1909 des Sœurs Vatard dont il réalise les illustrations, et ce portrait au pastel, dont la composition est très proche d’une photographie de Dornac (1858-1941) de 1903.

Extrait de la notice d’œuvre conçue pour le site du musée d’Orsay